On
se souvient surtout de John Mc Crae comme de l’auteur de Au
champ d’honneur,
le poème le plus connu de la Première Guerre mondiale, oubliant
qu'il fut un soldat dans sa jeunesse, puis un médecin lors de la
Première Guerre mondiale où il perdit la vie.
J'ai eu envie d'en apprendre plus...
John Mc Crae
naquit à Guelph (Ontario) et servit, comme artilleur, pendant la
guerre des Boers en Afrique du Sud. Il y gagne ses galons de major et
la Queen's Medal.
De
retour au Canada, il fut plus tard professeur de médecine et médecin
à l’Université McGill à Montréal.
Mc Crae,
célibataire, s’enrôla dès 1914, espérant une affectation au
combat, mais, en raison de la pénurie de médecins, il accepta un
poste de chirurgien dans une brigade d’artillerie.
Il
se trouva, au cours de la deuxième bataille d’Ypres, sur le front
franco-belge, en avril 1915.
Mc Crae
y soigna les blessés et pratiqua la chirurgie de guerre, de
l'époque, sur des soldats canadiens et alliés, pendant 17 jours,
quasiment sans la moindre interruption.
bunkers où travailla J. Mc Crae, Ypres
Le
22avril, pour la première fois, les Allemands attaquèrent avec les
gaz.
Le
front allié résista mais les pertes humaines furent effroyables.
John
Mc Crae écrivit alors à sa mère :
« J'ai
l'impression de vivre un cauchemar. Les combats sont horribles.
Pendant 17 jours et 17 nuits, aucun d'entre nous n'a pu changer de
vêtements, ni même enlever ses bottes, si ce n'est qu'à
l'occasion. Pendant tout ce temps où je n'ai pas dormi, le bruit des
fusils et des mitrailleuses n'a jamais cessé, si ce n'est que durant
60 secondes (…) et comme toile de fond permanente, il y a la vue
des blessés, des mutilés et la terrible angoisse que la ligne
cède. »
Épuisé,
touché lui même par les gaz , et attristé par la mort d’un ami
cher, sommairement inhumé sous une simple croix de bois, il
composa « Au
champ d’honneur » au
cours d’une brève période de repos.
Au Champ d'Honneur
En Flandre, quelque part sur un champ de bataille
Entre nos croix de bois ont fleuri les coquelicots.
Dans le ciel, ignorant le bruit de la mitraille
L'alouette gaiement chante le jour nouveau.
Nous, les morts d'aujourd'hui vivants hier encore,
Nous riions, nous aimions et nous étions aimés,
Nous, dont les yeux voyaient le couchant et l'aurore,
En Flandre, quelque part reposons à jamais.
Vous qui nous survivez, c'est à vous de reprendre
Le flambeau du combat dans nos doigts décharnés.
C'est un devoir sacré. Sous la terre de Flandre
Nous ne dormirons point si vous le profanez.
(traduction visible sur le mémorial de Camiers, France)
Le
9 mai 1915, le régiment de John Mc Crae est enfin relevé, après 17
jours d'enfer.
Le
1er juin 1915, John Mc Crae est nommé Lieutenant Colonel et prend la
direction de l'Hôpital Général N°3, installé sous de grandes
toiles de tentes à Camiers, près de Boulogne sur Mer. On y soigne
les blessés de la bataille de la Somme, de la crête de Vimy, de la
3ème bataille d'Ypres, d'Arras et de Passchendaele. L'hôpital de
Camiers compte près de 1600 lits...
Rapidement,
les conditions climatiques difficiles obligent les Canadiens à
abandonner l'hôpital de tentes de Camiers et il investissent, en 1916, le collège des Jésuites, pourtant en ruines, à Boulogne sur
mer.
Le
poème, quant à lui, fut publié le 8 décembre 1915 dans le Punch,
où il connut un succès mondial presque immédiat. Il illustrait
l’humeur belliqueuse des Alliés et affirmait la nécessité de
rester fidèle à ceux qui étaient déjà morts.
Mc Crae
était devenu un poète de renommée mondiale, mais il continua de
travailler comme chirurgien dans les hôpitaux canadiens de la Côte
d'Opale, ne ménageant ni son personnel ni sa propre personne.
Mc Crae
fut souvent malade, victime de crises d'asthme et des séquelles des
gaz mais se reposait peu.
Il
succomba à une pneumonie le 28 janvier 1918.
Il
est inhumé au cimetière de Wimereux, en France.
Des
millions de personnes au Canada, et à travers de monde, lisent le
poème de John Mc Crae à chaque jour du Souvenir. Quant au coquelicot, il
est devenu, pour les pays du Commonwealth, le symbole mémoriel de
la Première Guerre Mondiale.
La
salle des expositions spéciales du Musée canadien de la guerre, le
musée national d’histoire militaire du Canada, porte le nom de
Mc Crae.
Un
musée historique situé dans la Halle aux draps, à Ypres (Belgique)
a été baptisé en l’honneur de ce poème.
A
Boezinge, près de Ypres, dans le cimetière d'Essex Farm, se trouve
un mémorial à John Mc Crae, ainsi que quelques bunkers où le
médecin travailla pendant les terribles combats et où fut écrit le
célèbre poème.
Dans
le Pas de Calais, le nom de John McCrae a été donné, en hommage au
poète médecin, à une rue de Wimereux, à Camiers également.
On
trouve à Camiers une stèle commémorative.
Jamais plus je ne pourrai regarder un coquelicot sans penser à vous Monsieur Mc Crae...